,
Laudes (le matin) |
Sexte (le midi) |
Vêpres (le soir) |
Complies (au couché) |
Lectures (à toute heure) |
|
|
|
|
|
Extrait de l’ouvrage de Dom Robert Le Gall,
La saveur des Psaumes.
Chapitre I
Psalmodier avec sagesse
[...]
Le Christ, clé des Psaumes
Toute la vie du Sauveur est prophétisée
dans les psaumes, comme la tradition chrétienne l’a bien
compris dès le Nouveau Testament. Dans la lettre aux Hébreux,
par exemple, on peut lire ceci à propos de la naissance de
Jésus : « En entrant dans le monde,
le Christ dit : “Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ;
mais tu m’as façonné un corps. Tu n’as agréé
ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés, alors
j’ai dit : Voici, je viens, car c’est de moi qu’il est question
dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté”. »
(10, 5-7 qui cite le Ps 39, 7-9). Le premier et le deuxième
chapitres de cette même lettre multiplient les citations psalmiques
pour montrer combien le Fils incarné, le Messie, est supérieur
aux anges ; le cœur de cette longue homélie sacerdotale est un commentaire
de ce verset du Psaume 109 : « Tu es prêtre
pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisédech. »
(v. 4 ; cf. He 5, 6.10 ; 6, 20 ; 7, 11.17.21) Ayant
offert le sacrifice unique, le Christ « s’est assis
à la droite de Dieu. » (Ps 109, 1 ;
cf. He 8, 1 ; 10, 12-13 ; 12, 2) Ainsi, l’épître
va de la naissance divine et de la naissance humaine de Jésus
à sa glorification à la droite du Père, appuyant
son enseignement sur les Louanges d’Israël.
Le tout premier discours de Pierre,
au matin de la Pentecôte, montre que, dès l’origine,
la catéchèse chrétienne prenait appui sur les
psaumes. Pierre cite longuement le Psaume 15 : « Ma
chair reposera dans l’espérance que tu n’abandonneras pas
mon âme à l’Hadès et ne laisseras pas ton saint
voir la corruption. Tu m’as fait connaître des chemins de
vie, tu me rempliras de joie en ta présence »
(v. 9-11), pour l’appliquer à l’ensevelissement et à
la Résurrection de Jésus (Ac 2, 26-28). Il exprime
clairement sa conviction que David parlait du Christ (2, 25), et
il commente : « Frères, il est permis
de vous le dire en toute assurance : le patriarche David est
mort et a été enseveli, et son tombeau est encore
parmi nous. Mais comme il était prophète et savait
que Dieu lui avait juré par serment de faire asseoir
sur son trône un descendant de son sang (citation du Ps 131, 11), il a vu d’avance et annoncé la résurrection
du Christ qui, en effet, n’a pas été abandonné
à l’Hadès, et dont la chair n’a pas vu la corruption :
Dieu l’a ressuscité, ce Jésus ; nous en sommes
tous témoins. Et maintenant, exalté par la droite
de Dieu (allusion au Psaume pascal 117, 15-16), il a reçu
du Père l’Esprit Saint, objet de la promesse et l’a répandu.
C’est là ce que vous voyez et entendez. Car David, lui, n’est
pas monté aux cieux ; or, il dit lui-même : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à
ma droite, jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis un escabeau
pour tes pieds (citation du Psaume messianique 109, 1). Que
toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude :
Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous
avez crucifié ! » (29, 36) Pas moins
de quatre psaumes sont cités par saint Pierre en cette première
catéchèse qui provoque les premières conversions
(Ac 2, 37-41).
L’Esprit Saint fait ce que Jésus
avait promis aux siens à la dernière Cène « Le
Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous
ai dit. » (Jn 14, 26) En effet, Jésus lui-même
cite en se les appliquant deux des psaumes messianiques invoqués
par Pierre. à l’occasion de la parabole des vignerons homicides,
lesquels finissent par tuer le fils, Jésus tire argument
du Psaume 117 (v. 22-23) pour en tirer la leçon : « N’avez-vous
jamais lu dans les écritures : La pierre qu’avaient
rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue
pierre de faîte ; c’est là l’œuvre du Seigneur et elle est admirable à nos yeux ?
Aussi, je vous le dis : le Royaume de Dieu vous sera retiré
pour être confié à un peuple qui lui fera produire
ses fruits. » (Mt 21, 42-44) Le jour des Rameaux,
la foule avait spontanément chanté ce même Psaume
en l’appliquant à Jésus : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom
du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux. »
(Mt 21, 9 et Ps 117, 25-26) De la même façon, Jésus
s’applique le Psaume 109 quand il demande aux Pharisiens de lui
dire de qui le Christ est le fils ; ils répondent :
« De David. » « Comment
donc, ajoute-t-il, David parlant sous l’inspiration divine l’appelle-t-il
Seigneur quand il dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur:
Siège à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis
tes ennemis dessous tes pieds ? Si donc David l’appelle Seigneur,
comment est-il son fils ? » (Mt 22, 43-45
et Ps 109, 1)
Quand les Pharisiens sont furieux
de voir la foule chanter Hosanna à Jésus, celui-ci
leur répond en citant le Psaume 8, 3 : « N’avez-vous
jamais lu ce texte : De la bouche des tout-petits et des
nourrissons, tu t’es ménagé une louange ? »
(Mt 21, 16) On sait enfin que sur la Croix, Jésus entonne
le Psaume 21, prophétie de sa Passion, mais aussi de sa victoire
royale à portée universelle (cf. Mt 27, 46) ;
en mourant, il cite le Psaume 30, 6 : « Père,
en tes mains je remets mon esprit. » (Lc 23, 46)
Tout ceci montre assez le lien qui
existe entre le mystère du Christ et les Psaumes, lien explicité
par les évangiles eux-mêmes et par tout le Nouveau
Testament. Les Pères ont aimé souligner ce rapport
étroit.